Communiqué de l’AFAJA :
C’est avec consternation que l’Association Française des Avocats et Juristes Arméniens (AFAJA) a pris connaissance de la décision rendue par la 14ème chambre de la Cour d’assises d’Istanbul le 17 janvier 2012 qui, présentant l’accusé Yasin Hayal comme unique commanditaire de l’attentat, s’apparente à un nouveau déni de Justice pour la veuve, les enfants et la famille de Hrant Dink, journaliste turc d’origine arménienne assassiné le 19 janvier 2007.
En assistant depuis trois ans à plus d’une dizaine d’audiences de ce procès, dans le cadre des missions d’observations judiciaires organisées conjointement par les Barreaux de Paris et de Bruxelles, l’AFAJA s’est inquiétée des multiples dysfonctionnements qui ont jalonné la procédure, de la disparition de preuves essentielles, de l’incapacité de la police judiciaire à retrouver des témoins importants, du refus systématique par le parquet d’instruire et rechercher toutes les personnes et institutions susceptibles d’être impliquées dans ce crime, abandonnant aux seuls avocats de la partie civile la charge incombant à l’autorité de poursuite.
Malgré la destruction par la section antiterroriste du parquet d’une partie des bandes vidéo issues des caméras de surveillance à proximité du siège du journal Agos, concomitamment à l’assassinat de Dink, les avocats de la partie civile avaient réussi à établir la présence d’au moins trois complices en soutien au tireur Ogün Samast.
L’AFAJA regrette amèrement que le Ministère public n’ait pas cherché à profiter du résultat de ces investigations pour relancer l’instruction et œuvrer à la manifestation de la vérité.
En manquant ce rendez-vous avec la Justice, la Cour d’assises d’Istanbul s’est décrédibilisée, au détriment une nouvelle fois d’une victime arménienne.
Au jour du 5ème anniversaire de l’assassinat de ce journaliste, l’AFAJA entend adresser à sa famille, ses avocats ainsi qu’à la société civile turque lesquels se sont battus sans relâche depuis le premier jour pour que justice soit rendue à Hrant Dink, un message de solidarité et d’espoir et prend l’engagement de rester à leur cotés tant que toute la lumière ne sera pas faite sur ce crime raciste.
Paris, le 19 janvier 2012.