AFAJA : Association Française des Avocats et Juristes Arméniens

Dîner annuel de l’AFAJA : le discours du Président, Me Alexandre COUYOUMDJIAN.

Bienvenus à toutes et à tous.

Je voudrais vous remercier et vous féliciter d’être présents, une nouvelle fois, au diner annuel de l’AFAJA, celui qu’on appelle désormais dans le couloir du Palais, le Dîner des Arméniens. Il est vrai qu’il s’est fait rapidement une solide réputation : celle de faiseur de bâtonnier. Charrière Bournazel, Jean Castelain et Jean Yves Leborgne, Christiane Féral Schuhl.


Tous sont venus, tous ont vaincu. Et pour ceux qui ne sont candidats à rien, ils ont encore plus raison d’être avec nous ce soir.

Car ce dîner reste un moment de convivialité, où l’on se retrouve tous, Arméniens ou pas, candidats ou pas, mais toujours entre amis. Justement les amis.

Je voudrais saluer la présence de nos amis bâtonnier, vice bâtonnier et bâtonnière désignée.

Christian Charrière Bournazel, qu’on ne présente plus, Jean-Yves Leborgne, notre vice bâtonnier actuel, sans oublier Jean Castelain, représenté par notre ami Vincent Nioré.

Christiane Féral-Shuhl, Bâtonnière désignée qui prendra ses fonctions très bientôt et à qui nous souhaitons bonne chance.

Et je voudrais également les remercier car tous les quatre ont signé l’appel « Justice pour Hrant Dink » que nous avons fait publier dans le quotidien le Monde le 19 janvier 2011, au 4ème anniversaire de son assassinat.

Comme vous le savez, l’Ordre s’est investi auprès des avocats de la famille Dink par l’envoi de missions d’observation judiciaires au procès des assassins et complices présumés du journaliste turco-arménien. (Vincent Nioré, Marie Alix Canu Bernard et Olivier Guilbaud qui nous font l’amitié d’être ce soir avec nous.)

Il y a 8 jours, nous dinions à Istanbul dans le restaurant du bâtonnier Ugel Sayman, avec Fethiyé Cetin, Ismael Cem Halavurt et le Bâtonnier Yves Ochinsky, du barreau de Bruxelles.

Encore une fois, nos confrères turcs ont remercié l’Ordre pour son engagement solidaire, à leurs côtés, dans leur combat pour la vérité et contre le racisme.

Je peux vous dire que dans ces moments là, on est fier d’être avocat au Barreau de Paris.

Je parlais à l’instant d’Yves Ochinsky, et je voudrais saluer également la présence de nos amis et confrères belges.

L’année dernière, nous avons passé un moment délicieux avec le Bâtonnier Edouard Jakhian qui était notre invité d’honneur. Cette année, à nos cotés, nous avons son fils, Grégoire Jakhian. De surcroit fort agréablement accompagné par Taline Asfarian. Avec nos amis belges, nous sommes en train d’écrire une histoire d’amitié et de confraternité qui se traduira, je l’espère, par de grands projets communs et d’ores et déjà par une rencontre à Paris le 3 décembre prochain.

Pour continuer dans ce cosmopolitisme, plus au sud cette fois, je voudrais également saluer la présence de notre confrère Areve Mardirossian, du Barreau de Monté Carlo et qui a fait l’effort de venir exprès à Paris pour participer à ce dîner et nous apporter, comme son prénom l’indique, le soleil qu’elle porte en elle.

Mais cette année n’est pas une année comme les autres. Cette année nous célébrons le 20ème anniversaire de deux républiques, toute petites à l’échelle planétaire mais qui occupent une place très importante dans nos cœurs : La république d’Arménie et celle du Haut Karabakh.

Aujourd’hui elles sont là, à nos cotés, au dîner annuel de l’AFAJA représentées par Monsieur Vaner Haroutounyan, premier conseiller de l’Ambassade d’Arménie et par Monsieur Hovannhes Guevorkian, représentant de la République autoproclamée du Karabagh. Bon anniversaire donc !

Mais au delà de cette célébration, ce sont des remerciements que je voudrais adresser à ces deux peuples qui en réalité n’en font qu’un. Grâce à vous, grâce aux forces de la vie, aux forces du courage, à votre détermination, vous avez fait revivre ce que l’on croyait à jamais disparu.

Votre Histoire est celle d’une résurrection ! Qui aurait pu dire il y a 25 ans, voire même 21 ans, qu’on célébrerait aujourd’hui, à Paris, le 20ème anniversaire de l’Arménie, dans l’indépendance et la liberté retrouvée ? Le XXème siècle avait commencé de la pire des façons pour les Arméniens.

Un gouvernement dit « jeune turc » avait décidé de mettre un terme définitif à la présence arménienne dans l’Empire ottoman, d’effacer à jamais dans les mémoires les traces d’une civilisation trimillénaire présente en Anatolie et a organisé, à partir de 1915, l’extermination des Arméniens dans ce premier génocide du XXème siècle. Une partie des rescapés qui s’était réfugiée dans l’empire tsariste a vite été absorbée par la soviétisation qui a certes permis de préserver une identité arménienne mais ne leur a fait aucun cadeau, distribuant à la Turquie, à la Géorgie et à l’Azerbaïdjan une partie du peu qu’il leur restait.

Les autres sont partis à l’ouest, la France, les Etats-Unis, ou au sud au moyen orient où ils se sont intégrés du mieux qu’ils pouvaient avec toujours cette part de culpabilité de voir se diluer, inéluctablement, cette part d’identité pour laquelle leurs parents ou grands parents avaient payé de leur vie.

Et puis les années ont passé. Et puis il y a eu Gorbatchev et la Glasnost que les Arméniens ont pris au mot.

La fin des années 80 sera marquée par le réveil des Arméniens qui ont décidé de faire entendre leur voix.

La liberté et la Justice pour les Arméniens du Karabakh qui, dans le strict cadre légal et constitutionnel de l’Union soviétique, demandaient l’organisation d’un référendum pour obtenir leur indépendance et leur rattachement à l’Arménie.

La liberté pour les Arméniens d’Arménie qui ont vite transformé leurs revendications écologiques en combat pour la démocratie et la solidarité avec leurs frères du Karabakh.

A vos revendications constitutionnelles, pacifiques et démocratiques, l’Azerbaïdjan a répondu par les pogroms et la guerre.

Et c’est au moment où l’Arménie recouvre son indépendance par référendum le 21 septembre 1991, à la faveur de l’effondrement de l’Union soviétique, que s’ouvre une nouvelle période qui sera encore terrible pour son peuple : Rien ne lui serra épargné : la guerre imposé par l’Azerbaïdjan, le blocus, la pénurie énergétique, l’effondrement d’une économie. A Erevan, au début des années 90, on coupait les arbres dans la rue pour pouvoir se chauffer dans les appartements.

Mais 20 ans après, vous êtes toujours là, debout ! Ce que vous avez vécu, peu de peuples l’ont vécu.

Ce que vous avez surmonté, peu de peuples l’ont surmonté.

La guerre vous l’avez gagnée, mais la paix reste à conclure.

L’Arménie se redresse, mais les difficultés sont nombreuses.

Reste à construire, avant tout et surtout, un Etat de droit, où chaque Arménien pourra se sentir protégé par la force de la Loi, contre les Lois de la force, pour reprendre une expression chère à notre Bâtonnier Charrière Bournazel. Et pour relever ce défi, vous trouverez toujours à vos cotés notre association d’avocats et juristes, mais aussi, j’en suis persuadé, le Barreau de Paris et le Conseil National des Barreaux Français.

Et ce défi, nous en sommes convaincus, vous allez le relever, comme vous l’avez toujours fait jusqu’à présent, parce que vous avez, en Arménie, toute une jeune génération d’avocats, compétents, assoiffés de connaissance, énergiques, courageux, nourris de la Convention Européenne des Droits de l’Homme et qui, mieux que quiconque, incarnent cette idée que le destin des Arméniens est un éternel combat pour la Justice.

Bon anniversaire ! Shnoravor Daretarts.

Paris le 22 novembre 2011


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